Au sens courant, le marché est le lieu où les offres des vendeurs rencontrent les demandes des acheteurs qui s’ajustent à un certain prix. L’offre désigne la quantité de biens et services que les vendeurs sont prêts à céder pour un prix donné. La demande désigne quant à elle la quantité de biens et services que les acheteurs sont prêts à acquérir à un prix donné, compte tenu de leurs revenus et leurs préférences.
Un marché de concurrence se matérialise par la présence de nombreux vendeurs et de nombreux acheteurs, alors que le marché de monopole se traduit par la présence d’un seul offreur qui fait face à de nombreux demandeurs. Le marché de la téléphonie mobile au Cameroun ne correspond à aucun de ces deux types de marchés, car l’on rencontre deux offreurs principaux (MTN et ORANGE), qui font face à plusieurs demandeurs. Il s’agit donc dans ce cas d’un marché que l’on peut caractériser de duopole, qui est un cas particulier d’un marché d’oligopole, que l’on observe lorsqu’il y a la présence de quelques offreurs et de plusieurs demandeurs. Le marché de la téléphonie mobile sera donc caractérisé d’oligopole si l’on considère CAMTEL comme troisième opérateur. On va supposer dans un premier temps qu’il s’agit d’un duopole, puisque l’on s’efforce de faire comprendre à l’opinion que ce dernier opère dans la téléphonie fixe.
Un marché de duopole se caractérise par la présence de deux entreprises qui offrent des biens ou des services satisfaisant le même besoin. Le modèle de concurrence opéré dans ce type de marché peut se faire soit par les quantités offertes par chaque entreprise, soit par les prix proposés aux demandeurs. Le premier modèle est connu sous le nom de duopole à la « Cournot» et le second, de duopole à la « Bertrand » (des noms de ceux qui définissent ces formes d’équilibre). Cournot propose donc une guerre par les quantités et Bertrand, une guerre par les prix. Cependant, il existe une troisième forme, qui n’est pas une concurrence au sens propre du terme : le duopole à la « Stackelberg », qui considère qu’il existe une entreprise « leader » et une autre considérée comme « suiveur ». Le suiveur réagit (c’est à dire offre son produit) en fonction de l’action du leader, qui contrôle une part importante du marché.
.MTN et Orange mènent ils une guerre par les quantités ?
L’offre sur le marché de la téléphonie mobile au Cameroun se caractérise par des produits identiques, offerts à tous les consommateurs : il s’agit du téléphone portable et ses accessoires ; d’une puce et des cartes de crédit de communication.
Le phénomène observé depuis quelques années est celui de l’arrivée des « packs », dont l’achat donnait droit à l’offre d’une puce supplémentaire en plus de celle contenue dans ledit téléphone ; ce qui conduisait l’acheteur à détenir deux puces. Cette technique a été proposée par nos deux opérateurs et seul le prix du pack était considéré comme l’indicateur de convergence vers l’un plutôt que chez l’autre. Ceci montre que la guerre par les quantités offertes tourne donc à une bataille au niveau des prix. L’équilibre réalisé ici n’est donc pas celui de Cournot.
Qu’en est-il de la guerre des prix ?
Les coûts de communication ont connu d’énormes mutations depuis l’arrivée des deux opérateurs sur le marché de la téléphonie mobile. De 340 FCFA la minute au début des années 2000, le coût maximal s’élève aujourd’hui à 180 FCFA par minute. Cette baisse serait-elle le résultat d’une guerre ouverte entre MTN et Orange pour retenir l’attention des consommateurs afin d'accroître leurs parts de marché ?
A partir de 2005, des affiches, banderoles et plaques publicitaires inondent la ville, laissant apparaître cette phrase restée célèbre : « fractionner vos minutes en secondes » ; celle-ci fut accompagnée plus tard d’une autre : « parlez dix secondes et payez dix secondes ». Tels sont en quelques mots, résumé la nouveauté apportée par MTN dans la tarification des appels téléphoniques. Ainsi apparaissait pour la première fois au Cameroun la tarification à la seconde, facturée à 5FCFA. Les consommateurs s’apercevaient qu’ils payaient effectivement pour le temps de communication passé, et non plus pour la minute, autrefois indivisible. Toutefois, la minute de communication passée par cette option restait plus coûteuse que la même minute, passée dans les options classiques et dont le coût était estimé à 240 FCFA.
Le même mode de tarification, que l’on pourrait qualifier de ‘‘copie conforme à l’original’’ a été repris quelques mois plus tard par Orange, du fait de la ruée des nouveaux utilisateurs, vers l’opérateur MTN, et des intentions affichées par les non consommateurs relatifs (ceux qui ne disposaient pas encore d’un téléphone, mais qui étaient susceptibles d’acheter un dans l’avenir).
Cette copie conforme par Orange a conduit MTN à revoir le coût d’une seconde d’appel, qui passait de 5FCFA à 3FCFA, pour les appels de MTN à MTN. Une fois de plus quelques mois plus tard, le même tarif fut proposé par Orange pour les appels en direction de son réseau. On peut constater l’existence réelle d’une concurrence par les prix, ou concurrence à la Bertrand. Cependant, l’on peut se permettre de se poser deux questions :
- S’agit-il d’un duopole à la Stackelberg, où il ya un leader qui est MTN et un suiveur qui est Orange ?
- S’agit-il d’une stratégie mise en place par nos deux opérateurs pour montrer qu’il existe bien sur ce marché une concurrence par les prix ?
Pour répondre à la première interrogation, l’on dira que nous ne sommes pas en présence de ce type de duopole, du fait que certaines offres ont été proposées par Orange, et reprises ensuite par MTN, indiquant ainsi que chaque entreprise se comporte à certains moments comme leader et à d’autres comme suiveur. De plus, le nombre d'abonnés déclaré par chaque opérateur (trois millions chacun) indique bien qu'ils se partagent équitablement le marché, et donc pas de leader et de suiveur.
L’offre sur le marché de la téléphonie mobile au Cameroun se caractérise par des produits identiques, offerts à tous les consommateurs : il s’agit du téléphone portable et ses accessoires ; d’une puce et des cartes de crédit de communication.
Le phénomène observé depuis quelques années est celui de l’arrivée des « packs », dont l’achat donnait droit à l’offre d’une puce supplémentaire en plus de celle contenue dans ledit téléphone ; ce qui conduisait l’acheteur à détenir deux puces. Cette technique a été proposée par nos deux opérateurs et seul le prix du pack était considéré comme l’indicateur de convergence vers l’un plutôt que chez l’autre. Ceci montre que la guerre par les quantités offertes tourne donc à une bataille au niveau des prix. L’équilibre réalisé ici n’est donc pas celui de Cournot.
Qu’en est-il de la guerre des prix ?
Les coûts de communication ont connu d’énormes mutations depuis l’arrivée des deux opérateurs sur le marché de la téléphonie mobile. De 340 FCFA la minute au début des années 2000, le coût maximal s’élève aujourd’hui à 180 FCFA par minute. Cette baisse serait-elle le résultat d’une guerre ouverte entre MTN et Orange pour retenir l’attention des consommateurs afin d'accroître leurs parts de marché ?
A partir de 2005, des affiches, banderoles et plaques publicitaires inondent la ville, laissant apparaître cette phrase restée célèbre : « fractionner vos minutes en secondes » ; celle-ci fut accompagnée plus tard d’une autre : « parlez dix secondes et payez dix secondes ». Tels sont en quelques mots, résumé la nouveauté apportée par MTN dans la tarification des appels téléphoniques. Ainsi apparaissait pour la première fois au Cameroun la tarification à la seconde, facturée à 5FCFA. Les consommateurs s’apercevaient qu’ils payaient effectivement pour le temps de communication passé, et non plus pour la minute, autrefois indivisible. Toutefois, la minute de communication passée par cette option restait plus coûteuse que la même minute, passée dans les options classiques et dont le coût était estimé à 240 FCFA.
Le même mode de tarification, que l’on pourrait qualifier de ‘‘copie conforme à l’original’’ a été repris quelques mois plus tard par Orange, du fait de la ruée des nouveaux utilisateurs, vers l’opérateur MTN, et des intentions affichées par les non consommateurs relatifs (ceux qui ne disposaient pas encore d’un téléphone, mais qui étaient susceptibles d’acheter un dans l’avenir).
Cette copie conforme par Orange a conduit MTN à revoir le coût d’une seconde d’appel, qui passait de 5FCFA à 3FCFA, pour les appels de MTN à MTN. Une fois de plus quelques mois plus tard, le même tarif fut proposé par Orange pour les appels en direction de son réseau. On peut constater l’existence réelle d’une concurrence par les prix, ou concurrence à la Bertrand. Cependant, l’on peut se permettre de se poser deux questions :
- S’agit-il d’un duopole à la Stackelberg, où il ya un leader qui est MTN et un suiveur qui est Orange ?
- S’agit-il d’une stratégie mise en place par nos deux opérateurs pour montrer qu’il existe bien sur ce marché une concurrence par les prix ?
Pour répondre à la première interrogation, l’on dira que nous ne sommes pas en présence de ce type de duopole, du fait que certaines offres ont été proposées par Orange, et reprises ensuite par MTN, indiquant ainsi que chaque entreprise se comporte à certains moments comme leader et à d’autres comme suiveur. De plus, le nombre d'abonnés déclaré par chaque opérateur (trois millions chacun) indique bien qu'ils se partagent équitablement le marché, et donc pas de leader et de suiveur.
Puisque nos deux opérateurs en concurrence offrent des services identiques à des intervalles de temps plus ou moins réguliers, l’on peut penser qu’il y a une entente, et donc une concurrence déguisée. Cette offre identique ne conduit pas le consommateur à effectuer un arbitrage rationnel lors du choix de son opérateur. Il est donc le plus souvent guidé dans son choix par celui opéré par ses connaissances (amis, famille…), et au lieu de choisir entre MTN et Orange, il choisi à tout moment entre MTN et MTN d’une part, et Orange et Orange d’autre part. Bref il choisit dans tous les cas le même service proposé par deux opérateurs, qui ne diffèrent que par leurs raisons sociales. Nous sommes donc dans une situation de monopole où il y a deux opérateurs qui font croire en l’existence d’une concurrence sur ce marché.
Que fait l’Agence de Régulation des Télécommunications face à cette situation ?
L’Agence de Régulation des Télécommunications (ART) est l’organe en charge de la réglementation dans ce secteur. Elle doit pour cela protéger les consommateurs des abus qu’ils sont susceptibles de subir de la part de MTN et Orange, notamment en ce qui concerne le coût de la communication qui est jugé élevé par une part importante des consommateurs. Bien que les prix aient connu une baisse, l’on s’aperçoit que ceux-ci pourraient encore baisser sans toutefois occasionner des déficits pour nos deux opérateurs. En effet, l’envahissement de nos trottoirs par les « call-box » montre bien que le coût de la communication est élevé, pour toute personne souhaitant passer un appel de son téléphone portable. Comment expliquer que la minute d’appel de son téléphone portable soit deux à trois fois plus coûteuse que la même minute passée à partir d’un call-box ? Qu’est ce qui peut bien expliquer cette différence ? Nous aimerions tous bien avoir des explications sur cet énorme gap. Si les opérateurs qui octroient des lignes de téléphones pour call-box ne sont pas en mesure de nous donner des arguments convaincants sur cette différence de tarifs, alors l’ART peut tout de même le faire. Puisque l’Agence ne le fait pas, alors on peut conclure qu’elle encourage cette concurrence déguisée et contribue à la constitution d’un monopole sur le marché de la téléphonie mobile. En effet, s’il est possible de communiquer à 75FCFA ou 65FCFA par minute à partir d'un call box, alors cela est aussi possible à partir de son téléphone portable. Pourquoi créer la ruée vers les call-box alors que chaque utilisateur pourrait passer des appels à partir de son téléphone? Nous attendons vivement des explications de l’ART, car elle représente l’organe de défense des intérêts des consommateurs.
L’arrivée du troisième opérateur CAMTEL
Bien qu’opérant dans la téléphonie fixe, l’on a pu observer que cette entreprise s’est aussi lancée dans la téléphonie mobile, dont on dit être « fixe mobile », c’est-à-dire un téléphone qui n’est ni fixe ni mobile ou alors en même temps fixe et mobile, selon l’appréhension de chacun. Le plus important est que l’on constate qu’elle livre une concurrence par les prix avec les deux opérateurs « historiques » que sont MTN et Orange. En effet, le faible coût de la minute de communication montre bien que les tarifs pourraient aussi connaitre une baisse chez les deux autres opérateurs, même si ce coût réduit peut s’expliquer par les infrastructures que dispose la CAMTEL, du fait de son statut d’ex entreprise publique, qui bénéficie des installations de l’Etat. Toutefois cet argument n’est pas suffisant pour expliquer ces faibles coûts de communication, lorsqu’on constate que MTN et Orange permettent de communiquer à des coûts identiques, à partir des call-box.
En somme, on peut dire que l’adoption et la vulgarisation du téléphone portable a permis de faire passer son taux de possession de 7,6% à 44,9% entre 2001 et 2007, soit de 19,9% à 81,4% en milieu urbain, et de 1% à 23,4% en milieu rural sur la même période (sources : ECAM1 et ECAM2). Cependant, l’on note l’existence de deux opérateurs en concurrence dans ce secteur : MTN-Orange et CAMTEL. Les deux premières ne diffèrent que par leurs raisons sociales et mènent une concurrence déguisée entretenue par l’ART, qui a favorisé la constitution de ce monopole. L’arrivée de la CAMTEL dans ce secteur a aussi renforcé la fusion de ces deux entreprises, qui se sont associées pour mieux combattre l’ « ennemi ».