L'électricité est considérée comme l’une des clés du développement économique et social, et sa disponibilité contribue à la réduction de la pauvreté, non seulement à travers la croissance économique, mais aussi par la satisfaction des besoins vitaux de santé et d’éducation (SIHAG[1] et al., 2004). L’objectif du présent document est d’étudier le lien entre l’accès à l’électricité et les indicateurs de la pauvreté dans la zone rurale du Sud Cameroun. Le but poursuivi par cette analyse est de pouvoir procéder à une orientation efficace des politiques à mettre en œuvre pour un accès équitable des ménages du Cameroun, précisément ceux de la province du Sud où l’incidence de la pauvreté est de 19,6%.
La méthode mise en œuvre pour atteindre cet objectif consiste à identifier les principaux indicateurs de la pauvreté tels que précisés lors de la deuxième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM II, 2001) et d’apprécier les taux d’accès et d’utilisation pour l’éclairage en fonction de ces derniers. Les indicateurs choisis dans le cadre de cette étude sont : l’indicateur de niveau de vie ; l’indicateur de logement ; l’indicateur d’éducation et l’indicateur d’emploi. Les données sont issues de l’enquête GPL (2004) et analysées sous le logiciel SPSS 13.0.
- Environ 21% des ménages pauvres de la province du Sud sont abonnés, contre 22% chez les non pauvres et dans l’ensemble de la province ;
- L’on s’attendrait à ce que le taux d’utilisation pour l’éclairage soit au moins égal au taux d’accès effectif, mais l’on remarque qu’il est à chaque fois inférieur quelque soit le découpage effectué : 12,4% chez les pauvres, 21,5% chez les non pauvres et 19,7% pour l’ensemble de la province.
En s’intéressant uniquement aux ménages pauvres, on remarque que 17,3% utilisent l’électricité, alors que 21% environ sont abonnés ; 12,4% utilisent cette source pour l’éclairage bien que 17,3% disposent de l’électricité. Ces résultats conduisent à tirer deux conclusions :
- Le taux d’utilisation pour l’éclairage inférieur au taux d’accès effectif montre qu’il y a moins de ménages qui utilisent cette source pour l’éclairage que de ménages disposant d’un branchement électrique. Ce résultat indique que ces ménages seraient très pauvres et ne disposeraient pas de moyens nécessaires pour obtenir une ampoule électrique, ou qu’ils sont victimes de coupures liées au réseau principal.
- Le taux d’accès effectif inférieur au taux d’accès indique qu’il y a plus de ménages abonnés que de ménages disposant d’un branchement AES-SONEL ou non. L’on se serait attendu à ce qu’ils soient au moins égaux. Ce qui peut s’expliquer par deux raisons : les délais assez (très) longs observés entre la date de prise d’un abonnement dans son agence et la pose effective du compteur d’électricité à son domicile ; et le type de logement des ménages.
Les ménages de cette province résident soit dans des maisons isolées, dans des maisons à plusieurs logements ou dans des villas modernes. Environ 90% des ménages de cette province habitent des maisons isolées, ce qui montre que le raccordement chez les ménages disposant d’un compteur n’est pas aisé et peut donc expliquer le taux d’accès effectif inférieur aux taux d’accès.
L’incidence de la pauvreté est plus élevée chez les ménages dont le chef a le niveau primaire (40,6%) et nulle chez les ménages dont le chef n’a aucun niveau, le niveau secondaire technique second cycle et le niveau supérieur.
4) Taux d’accès, taux d’accès effectif et taux d’utilisation pour l’éclairage selon l’emploi
Environ 20% des ménages qui disposent d’un emploi ont un compteur AES-SONEL. Le taux d’accès est très élevé chez les ménages disposant d’un emploi dans l’administration publique (76,9%) pour une incidence de la pauvreté faible (5,1%). L’on constate par contre que l’incidence de la pauvreté et le taux d’accès sont élevés chez les ménages disposant d’un emploi dans des entreprises publiques ou parapubliques. Ceci montre que les ménages pauvres de cette catégorie sont aussi très nombreux à être abonnés. Ceux-ci ne disposent pas encore de compteurs à leur domicile et/ou habitent des maisons isolées, rendant le raccordement difficile chez des voisins disposant d’un compteur AES-SONEL.
Il ressort de cette étude, qu’environ 20% des ménages de la province du Sud sont pauvres, 22% sont abonnés, 25,8% disposent d’un branchement électrique (AES-SONEL ou non) et environ 20% seulement utilisent cette source pour l’éclairage.
Les mesures à prendre sont axées principalement sur l’éducation et le niveau de vie des ménages. Le premier axe consiste à accroître le niveau d’instruction dont on a pu observer que l’accès à l’électricité augmente avec celui-ci. Le deuxième axe consiste à intensifier les activités agricoles afin qu’elles génèrent suffisamment de revenus, nécessaires à l’accroissement de l’accès à l’électricité, étant donné que 98,2% des ménages qui disposent d’un emploi dans cette province exercent dans des entreprises privées agricoles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire