L’INFLATION MASQUEE AU CAMEROUN
UNE ETUDE REALISEE
SUR UN ECHANTILLON DE PRODUITS DE GRANDE CONSOMMATION
L’inflation
désigne une augmentation durable,
générale, et auto-entretenue des prix des biens et des services. Elle
correspond à la perte du pouvoir d'achat de la monnaie, qui se traduit ainsi par
une augmentation générale et durable des prix. L’inflation a aussi une explication non monétaire, et on
distingue dans ce cas :
- L’inflation par la demande, dans laquelle l’augmentation des prix est la conséquence d’une croissance très rapide de la demande ;
- L’inflation par l'offre, qui peut se présenter sous deux formes : l'inflation due à la hausse des coûts de production, souvent liée à l'augmentation des salaires, mais parfois au coût des matières premières ; et l'inflation par les profits, provoquée par la recherche d'un maximum de profit de la part des détenteurs du capital.
La recherche du profit par les grands industriels,
surtout de l’agro alimentaire rend l’augmentation des prix très difficile,
malgré la hausse des prix de certaines matières premières, notamment le lait, la
viande et les céréales. Trois raisons principales peuvent justifier cela :
(i) les consommateurs sont très sensibles au prix et toute augmentation
pourrait fortement réduire leur consommation ; (ii) les produits proposés
sont à demande très élastique, du fait qu’ils ont plusieurs substituts sur le
marché et toute augmentation du prix conduirait les consommateurs à se tourner
vers les produits de la concurrence, aptes à satisfaire le même besoin ;
(iii) la perte des parts de marchés.
Afin de maintenir les prix constants, certains industriels
ont recours à une série d'astuces pour dissimuler aux clients la hausse des
prix de certains articles. Ainsi, au lieu d’augmenter les prix, les fabricants
jouent sur le poids des articles en ajustant le contenu des paquets et en maintenant les prix intacts. Lorsque les prix
ne bougent pas avec le temps alors que le poids des articles diminuent sans que
la différence soit réellement perceptible par le consommateur, l’impact direct
sera d’alourdir la facture de ce dernier : cette pratique correspond à ce
que l’on appelle inflation masquée.
Dans
l’industrie moderne, le poids serait ainsi le moyen idéal d’augmenter les prix
sans que le consommateur s’en aperçoive. Posons-nous à cet effet, quelques
questions à titre d’illustration : quel est le poids réel d’un papier
toilette de marque « Sita » fabriqué par l’entreprise Sitracel ?
On se souvient juste qu’il est devenu beaucoup plus léger, mais quel était son
poids il y a deux ans, trois ans ou cinq
ans ? Savons-nous que le poids homologué du pain bâtard est de 200g et que
celui que nous achetons tous les matins chez notre boutiquier du coin pèse
beaucoup moins ? Est-ce que l’on se souvient
qu’il était auparavant mentionné sur le pot de yaourt « Camlait »
la contenance (12,5cl – soit 125g), plutôt que le poids qui figure actuellement
et dont l’un des produits de la gamme pèse 110g ? Combien de buchettes
d’allumettes du fabricant UNALOR une ménagère doit-elle claquer aujourd’hui
pour allumer son réchaud ?. Se souvient on comment étaient ces
allumettes il y a cinq ans ? On se rappelle juste qu’il fallait en claquer
une seule pour mettre du feu à son réchaud. Combien d’ampoules
rondes de 60W, 75W ou 100W achetons-nous chaque mois pour l’éclairage de la
même pièce de la maison ? On a certainement tous constaté qu’elles sont
beaucoup moins résistantes que celles disponibles sur le marché il y a trois ou
quatre ans, mais leur prix n’a pas changé.
Au même moment, les prix du papier toilette et du pain n’ont pas aussi bougé, soit 250FCFA (0,38€) et 125FCFA (0,19€) respectivement. Le prix du yaourt a quant à lui diminué et est vendu à 225FCFA (0,34€). Bien que ce dernier ait été baptisé « Brassé nature », cette diminution du prix est elle proportionnelle à la perte de poids subie par ce yaourt ?
Au même moment, les prix du papier toilette et du pain n’ont pas aussi bougé, soit 250FCFA (0,38€) et 125FCFA (0,19€) respectivement. Le prix du yaourt a quant à lui diminué et est vendu à 225FCFA (0,34€). Bien que ce dernier ait été baptisé « Brassé nature », cette diminution du prix est elle proportionnelle à la perte de poids subie par ce yaourt ?
Afin de masquer la hausse des prix tout en cherchant à répondre à la baisse du pouvoir d’achat, de nombreux industriels de l’agro alimentaire commercialisent de plus en plus des articles sous des formats différents, des plus petits aux plus grands. C’est le cas des boissons sucrées, de l’eau minérale, des produits laitiers, de la confiserie, et bien d’autres. Cependant, le consommateur paye t-il vraiment le juste prix lors de l’achat des produits conditionnés sous de petits formats, ou alors paye t-il plus cher ?
L’objectif principal de l’étude est d’évaluer la hausse de la facture du consommateur consécutive à l’achat des produits de grande consommation. De manière spécifique, il s’agira d’évaluer :
- La hausse du prix consécutive à la réduction du poids des produits ;
- La hausse de la facture du consommateur relative à l’achat de produits sous de petits formats.
Vidéo ayant inspiré la réalisation de l'étude au Cameroun