mardi 25 novembre 2008

La relation ARSEL - AES-SONEL



1. Le pouvoir de contrôle de l’ARSEL
Pour assurer une gestion efficace du secteur, un lien est établit entre la société et l’Agence, qui dispose dans la limite de ses attributions, d’un pouvoir général de contrôle.
Dans le cadre de ce contrôle et à partir de l’exercice social ouvert en 2002, la SONEL communiquera sans délai à l’Agence, puis de manière annuelle, une estimation des capacités de production, de transport et de distribution connectées au réseau ; ainsi qu’une analyse des besoins d’interconnexion avec d’autres réseaux ; les capacités potentielles de transport et la commande d’électricité couvrant une période de dix ans qu’elle mettra à jour et communiquera à l’Agence annuellement.

La SONEL communiquera également à l’Agence les documents suivants :
i) Un état prévisionnel glissant de la demande d’électricité sur trois ans mis à jour annuellement ;
ii) Un programme d’investissement en source d’approvisionnement d’électricité glissant sur trois ans mis à jour annuellement, mentionnant l’ensemble des approvisionnements que la société estime nécessaire pour satisfaire à ses obligations de vente d’électricité ;
iii) Un rapport annuel d’exploitation comportant notamment un compte rendu de gestion, un rapport technique et un compte rendu de performance faisant apparaître le suivi du respect des normes de qualités ; et
iv) Un plan financier glissant sur cinq ans mis à jour annuellement.
En outre, la SONEL communiquera à l’Agence et tiendra à la disposition de toute personne en faisant la demande les tarifs ou les formules de tarif applicables et les principales conditions de service. Elle aura également accès, dans le cadre de sa mission de contrôle, à tous locaux, installations ou sites de production de la SONEL sur simple demande de sa part auprès de celle-ci.

2. Les règles tarifaires
Les principes de tarification dans le secteur de l’électricité sont définis dans le cadre des contrats de concession et de licence des opérateurs. Les contrats de concession, les licences et autorisations fixent les règles et conditions de modification des tarifs.

Les règles de modification des tarifs font l’objet d’une révision tous les cinq ans ou, exceptionnellement, avant l’expiration de cette période, en cas de changement important dans les conditions d’exploitation, ou en raison d’événements modifiant substantiellement l’environnement économique, financier ou technique dans lequel les contrats de concession ou les licences ont été établis. Par ailleurs, les révisions des tarifs sont effectuées par l’Agence sur la base de principes propres à permettre à l’opérateur une rentabilité raisonnable dans les conditions normales d’activités. Ces règles s’apparentent à la régulation price-cap, qui met l'accent sur l'ajustement futur des prix en fonction du changement des prix à la consommation. Cette formule a été appliquée en Grande Bretagne après la privatisation des entreprises de services publics. La formule d'établissement des prix autorisait ces sociétés à augmenter leurs tarifs d'un montant correspondant au taux d'inflation, moins un pourcentage reflétant l'augmentation potentielle de la productivité de l'entreprise.

En outre, elle ne pourra s’imposer à la révision des tarifs pour la basse tension et la moyenne tension que dans l’hypothèse où les revenus réalisés par la SONEL au titre de ces tarifs ne respectent pas les formules de contrôle des tarifs. Cependant, en cas d’ajustement d’au moins dix pour cent des tarifs de vente au détail pour la basse tension et la moyenne tension, l’Agence pourra, à titre exceptionnel s’opposer à la révision des tarifs proposés par la SONEL.

La régulation du secteur de l’électricité au Cameroun: La présentation de l’ARSEL et ses missions

1. La présentation de l'ARSEL
La régulation du secteur de l’électricité au Cameroun est assurée par l’Agence de Régulation du Secteur de l’Électricité (ARSEL) qui a été créée lors de la réforme du secteur suivant la loi n° 98-22 du 24 décembre 1998.

L’ARSEL est un établissement public doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Elle assure la régulation, le contrôle et le suivi des activités des exploitants et des opérateurs du secteur de l’électricité. Les ressources de l’Agence, selon l’article 43 de la loi proviennent d’une partie de la redevance sur les titres, du produit des amendes et des dons et legs.

L’Agence est investie des pouvoirs les plus larges d’investigation, de contrôle et de sanctions ; de sorte que les dirigeants ou les représentants légaux des entreprises d’électricité lui fournissent tout renseignement qu’elle juge nécessaire. En plus, l’Agence et ses employés sont tenus au respect de la confidentialité des informations commerciales qui leurs sont transmises, sous peine de poursuites pour dommages et intérêts devant les tribunaux ou toute autre instance.

2. Les missions de l’ARSEL
Selon l’article 42 de la loi, l’Agence est chargée de participer à la promotion du développement rationnel de l’offre d’énergie électrique et de promouvoir la concurrence et la participation du secteur privé en matière de production, de transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de vente de l’énergie électrique dans des conditions objectives, transparentes et non discriminatoires. Elle est aussi chargée de veiller à l’équilibre économique et financier du secteur de l’électricité et à la préservation des conditions économiques nécessaires à la viabilité.

Sur le plan tarifaire, l’Agence met en œuvre et contrôle le système tarifaire établi, dans le respect des méthodes et procédures fixées par l’administration chargée de l’électricité, veille aux intérêts des consommateurs et assure la protection de leurs droits pour ce qui est du prix, de la fourniture et de la qualité de l’énergie électrique.

En prévoyant l’ouverture du secteur aux opérateurs indépendants, des bases juridiques ont été établies. L’Agence de régulation doit pour cela soumettre pour signature à l’autorité compétente, après avis conforme, les contrats de concession, ainsi que les demandes de licences et d’autorisations de ceux-ci ; elle doit aussi veiller au respect des conditions d’exécution desdits contrats. Elle est en outre chargée de faire respecter la législation à la protection de l’environnement, et de suivre l’application de standards et des normes par les opérateurs du secteur de l’électricité. En cas de violation d’une des clauses par un opérateur, l’Agence appliquera les sanctions prévues à cet effet.

L’Agence de régulation est enfin chargée de veiller à l’accès des tiers au réseau de transport d’électricité, dans la limite des capacités disponibles ; d’arbitrer les différends entre opérateurs du secteur de l’électricité sur saisine des parties et de contribuer à l’exercice de toute mission d’intérêt public que pourrait lui confier le gouvernement pour le compte de l’État dans le secteur de l’électricité.

Les différents courants de pensée de l'économie de la réglementation

Quatre écoles ont posé les bases de la réglementation : l’économie publique de la réglementation, l’économie industrielle de la réglementation, la nouvelle économie publique de la réglementation et l’économie institutionnelle de la réglementation.

L’économie publique de la réglementation
L'autorité réglementaire a pour objectif l'efficacité économique. Elle est soucieuse de l'intérêt général. L'existence de défaillances (biens publics, externalités, monopole naturel) du marché, mises en évidence dans le cadre de l'économie du bien-être, justifie l'intervention publique. L'État doit donc par la réglementation, influer sur le comportement des firmes et des consommateurs (PIGOU, 1932). Sa démarche est normative, elle vise à atteindre une allocation des ressources optimales de type paretien (optimum de premier rang). L'État n'est contraint ni par des difficultés de collecte d'information, ni par des capacités de calcul limitées. Il est de ce fait considéré comme infaillible.

L’économie institutionnelle de la réglementation
Cette école laisse ouverte de nombreuses solutions pour remédier aux problèmes d’externalités, de monopole naturel ou de biens collectifs, y compris l’option qui consiste à ne rien faire quand le remède est plus coûteux pour la collectivité que le mal. Elle est issue des travaux de COASE (1960). Selon lui, L'État doit intervenir une seule fois pour assurer le fonctionnement de l'économie en attribuant initialement les droits de propriété. La réglementation ne peut donc s'imposer qu'à deux conditions: soit que les coûts de transaction et de réglementation sont inférieurs aux coûts des autres solutions, soit que ces coûts soient inférieurs aux bénéfices de l'action elle-même. En effet, la réglementation n'a de sens que si elle permet une allocation efficace de moindre coût.

L’économie industrielle de la réglementation
L'autorité réglementaire est vénale et soumise à l'influence des groupes de pression. Elle n'est plus le garant de l'intérêt général. La réglementation est ici analysée comme un service échangé entre les décideurs politiques et fonctionnaires (offreurs) et les dirigeants des entreprises (demandeurs). Les offreurs cherchent à maximiser leur chance de réélection ou à obtenir de futurs postes dans les industries qu'ils ont sous leur tutelle. Les demandeurs souhaitent de leur côté se protéger de la concurrence, surtout étrangère. Cette approche est connue sous le nom de théorie de la capture de la réglementation, parce que le régulateur devient un agent entièrement au service des intérêts des entreprises. Pour limiter l'action des groupes de pression, STIGLER (1971), préconise une solution radicale qui consiste à retirer à l'État le droit de réglementer.

La nouvelle économie publique de la réglementation
Les tenants de cette théorie sont LAFFONT et TIROLE (1993). L'idée est d'analyser les défaillances du législateur et de les corriger, car le marché n'est pas la seule source d'insuffisances. Les défaillances de la réglementation doivent être réduites au minimum afin d'aboutir à une allocation paretienne efficace de second rang. Cette dernière est l'affectation des ressources qui est la "meilleure possible" compte tenu de l'existence de diverses contraintes qui empêchent de parvenir à un optimum de Pareto. Ces défauts sont principalement: l'asymétrie d'information entre le régulateur et le réglementé; l'intérêt personnel du régulateur; son insuffisante crédibilité. La théorie des incitations et des contrats permet de remédier de ces défauts.

dimanche 23 novembre 2008

Les causes de la réglementation: une analyse dans le secteur de l'électricité au Cameroun

La réglementation se justifie par la présence d’externalités, de biens publics, d’asymétrie d’information et de monopole naturel. Ces défauts sont à l’origine des inefficiences observées dans les marchés.

On dit qu’il y a externalités, quand les actions d’un agent influencent directement les possibilités de choix (ensemble de production ou de consommation) d’un autre agent (SALANIE, 1998). Ces actions s’exercent en dehors du marché. Les externalités sont positives (négatives) lorsque les actions d’un agent conduisent à une amélioration (diminution) du bien-être de l’autre agent.

La nécessité de réglementer s’impose donc lorsque les externalités sont négatives. Dans le secteur de l’électricité au Cameroun, l’importance du régulateur s’est faite ressentir après la privatisation de la SONEL du fait que la baisse de la production qui a été à l’origine de multiples délestages aurait affecté négativement le bien-être des consommateurs.

Les biens publics sont des biens qui, une fois créés, sont accessibles à tous sans condition. Ils possèdent la double propriété de non exclusion et de non rivalité (VARIAN, 2000). La première renvoie à l’impossibilité d’écarter qui que ce soit de l’utilisation d’un service, y compris les individus qui ne contribueraient pas à son financement. La deuxième traduit le fait que ce bien puisse être consommé simultanément par plusieurs agents, sans que la quantité consommée par l’un diminue les quantités encore disponibles pour les autres.

En tant que bien public, l’électricité devrait être accessible à tous les individus, ce qui n’est malheureusement pas le cas, surtout en zone rurale. Le rôle du régulateur de ce secteur est de favoriser l’accès de tous à l’électricité, de sorte que personne ne soit écarté de la consommation de ce bien d’utilité publique.

Le problème de l’asymétrie d’information est souvent observé dans une relation qui oppose deux acteurs (le principal et l’agent) liés par un contrat. Ce problème conduit à des situations de sélection adverse et de hasard moral (VARIAN, 2000).

Le hasard moral a trait à des situations où l’une des parties d’un contrat ne se comporte pas de la manière dont elle s’y est engagée, et sans que l’autre partie ne puisse l’en empêcher. On parle dans ce cas d’un problème de ‘‘comportement caché’’. La sélection adverse a trait à des situations où un côté du marché ne peut pas observer le ‘‘type’’ ou la qualité des biens situés de l’autre côté du marché. On parle dans ce cas d’un problème de ‘‘type caché’’.

Le problème de comportement caché a été observé après la privatisation de la SONEL. En effet, le contrat de cession obligeait l’AES-SONEL à investir dans le secteur dans le but d’accroître l’offre d’électricité. Mais l’absence d’investissement a causé une augmentation moins rapide de la production par rapport à la consommation; ce qui a donc conduit au rationnement.

Une entreprise est un monopole naturel lorsque ses coûts moyens sont décroissants (rendements d’échelles croissants) pour tout niveau de production donné. Dans ces conditions, une seule firme, satisfaisant toute la demande aura des coûts inférieurs à deux firmes ou plus se partageant la demande. Formellement, soit q1,……,qk la production de k entreprises, telles que q1+q2+…+qk = Q si chacune des entreprises a pour fonction de coût C(qi), alors, C(Q) est strictement inférieure à C(q1)+C(q2)+…………….+C(qk). Une telle fonction de coût est dite sous-additive. Cette situation se rencontre dans les activités industrielles, comme la distribution de gaz et l’électricité, qui présentent des coûts fixes élevés.

AES-SONEL jouit d’une telle position sur le marché de l’électricité au Cameroun, ce qui devrait l’inciter à fixer ses tarifs à l’égalité du coût marginal et de la recette marginale. Pour éviter cette situation, qui n’est profitable qu’à l’entreprise, le rôle du régulateur est de la contraindre à fixer des tarifs qui devront lui assurer la couverture de ses coûts.

samedi 22 novembre 2008

La mise en œuvre de la privatisation au Cameroun: illustration à partir du cas de la SONEL

La mise en œuvre du programme de privatisation au Cameroun s’est effectuée conformément aux objectifs qui lui ont été assignés par l’ordonnance N° 90-004 du 22 juin 1990. Ces objectifs sont d’ordre macroéconomique et microéconomique.

I. Sur le plan macroéconomique
Quatre objectifs ont été mis en avant : l’assainissement des finances publiques ; la stimulation des initiatives privées et la promotion des investissements ; la restauration des mécanismes du marché et la mobilisation et l’orientation de l’épargne nationale vers les investissements productifs.

L’assainissement des finances publiques
Elle doit contribuer à l’allègement du déficit budgétaire par une réduction des subventions. Au cours de l’exercice 1986/1987, le déficit budgétaire a atteint le montant de 508 milliards de francs CFA contre 150 milliards en 1984 ; le déficit global toutes activités non financières confondues s’est chiffré à 80.6 milliards de francs CFA et l’endettement total des entreprises publiques a atteint le montant record de 732 milliards de francs CFA. (TAMBA, 1996). D’où la nécessité de réduire le fardeau des entreprises publiques sur l’économie nationale par la mise en œuvre des mesures de revitalisation appropriées.

La stimulation des initiatives privées et la promotion des investissements
Entre 1982/1983, et 1985/1986, les investissements cumulés des entreprises publiques non financières se sont élevés à 433.052 millions de francs CFA (TAMBA, 1996), ce qui était insuffisant pour combler les déficits enregistrés. La persistance des déséquilibres économiques a conduit l’Etat, soucieux d’améliorer le rapport coût/efficacité de ses prestations, à chercher à mettre à contribution l’initiative privée pour accroître les investissements. Le transfert au secteur privé d’entreprises ou d’activités permet donc de mobiliser des ressources additionnelles pour le financement des investissements ou des besoins en fonds de roulement.

La restauration des mécanismes du marché
L’accaparement par l’Etat de l’économie nationale a conduit à des rentes de monopoles préjudiciables à la recherche de l’efficacité. Il est question ici, de supprimer les distorsions commerciales et institutionnelles qui entravent les compétitions entre firmes publiques et privées en instaurant la concurrence, et donc le marché. Les repreneurs privés peuvent avoir recours soit aux fonds propres, soit au marché auprès duquel ils pourront lever les capitaux nécessaires à travers des mécanismes qui ne sont pas toujours accessibles à l’Etat.

La mobilisation et l’orientation de l’épargne nationale vers les investissements productifs
Une part significative des actions des entreprises à privatiser (jusqu’à 30% dans certains cas) est réservée aux nationaux. L’acquisition effective par les nationaux de ces actions permet de mobiliser l’épargne nationale et de l’orienter vers les investissements productifs. Elle accroît ainsi le rôle participatif des populations, stimule leur esprit d’entreprise et leur permet d’acquérir une culture financière favorable au développement des marchés de capitaux et à l’épanouissement de l’entreprise.

II. Sur le plan microéconomique
Les quatre objectifs illustrés par le cas de la SONEL sont :

L’amélioration à bref délai de l’efficacité des systèmes et de la qualité des services.
La caractéristique principale des entreprises d’Etat était l’inefficacité des moyens de production, ce qui ne garantissait pas la qualité des biens produits, surtout dans les entreprises de services publics. C’est ainsi que l’un des objectifs de l’Etat lors de la privatisation de la SONEL était d’améliorer la qualité du service fournit, c'est-à-dire l’électricité produite, transportée et distribuée.

La promotion de la prise de participation par le secteur privé national y compris les salariés de l’entreprise.
Il s’agit ici d’une participation représentative de tous les acteurs. En effet, lors de la privatisation de la SONEL, 56% du capital a été cédé; 5% de ce capital devra être redistribué aux salariés de l’entreprise et les 51% restant sont entièrement détenus par l’AES. L’Etat camerounais quant à lui, est censé redistribuer aux acheteurs privés nationaux une partie des 44% du capital qu’il détient.

L’accroissement rapide des taux de desserte de la population sur l’ensemble du territoire national en matière de services publics de base (télécommunications, électricité, eau, transport….) avec un accent sur le milieu rural.
L’Etat a mis l’accent sur la réalisation de cet objectif lors de la cession de la SONEL. Il est question pour la société de passer d’un taux de desserte de la population, de 31% en 1999 à 49% en 2019 et 55% en 2026. En milieu rural, des efforts ont déjà été faits dans ce sens avec la création de l’Agence d’électrification rurale, qui accorde aux opérateurs et aux usagers l’assistance technique et éventuellement financière nécessaire au développement de l’électrification rurale.

La réalisation des gains de productivité significatifs qui permettent d’assurer une structure tarifaire optimale pour les services publics concédés.
Cet objectif montre l’importance de la tarification dans les services publics de base. En général, les subventions dont bénéficiaient les entreprises de ce type les contraignaient à fixer des prix de vente ne pouvant pas les permettre de couvrir l’ensemble des coûts de production. Dans ce sens, il a été recommandé à l’AES-SONEL de fournir l’électricité à un prix compétitif aux industries et à la population camerounaise de manière à réaliser des gains de productivité.

Fondements théoriques des politiques de privatisation

L’analyse des fondements théoriques de la privatisation peut se faire sur les plans microéconomique et macroéconomique.

I. Eléments d’analyse microéconomique
Il s’agira de donner les théories fondamentales de cette approche, les avantages et les inconvénients de la privatisation, ainsi que les limites à cette analyse.

I-1. Les théories fondamentales
Il s’agit principalement de la théorie des droits de propriété et du concept de l’inefficience-X.

I-1-1. La théorie des droits de propriété
Cette théorie a beaucoup argumenté autour du thème central d’une supériorité de gestion de l’entreprise privée. L’idée de base de cette théorie est que l’existence de droits de propriété bien définie est une condition fondamentale à l’initiative individuelle.

Les tenants de cette théorie (ALCHIAN, 1965 et DEMSETZ, 1967), ont développé des travaux qui consacrent la primauté d’une gestion privée. Ils relient ce résultat au caractère exclusif et transférable des droits de la petite propriété, cadre de référence de l’économie néoclassique. Ils démontrent par ailleurs que si l’allocation des ressources est inefficiente dans les pays en voie de développement et dans certains pays du bloc de l’Est, cela est dû à la tendance des politiciens et bureaucrates de ces pays à accaparer l’ensemble du contrôle des droits dans l’économie.

La théorie des droits de propriété montre que dans une structure privée, l’individu contrôle l’intégralité de ses droits, contrairement à l’entreprise publique. Dans la plupart des cas, les entreprises publiques ne répondent pas aux impératifs définissant le droit de propriété, car ni les dirigeants de ces entreprises publiques, ni les fonctionnaires qui assurent la tutelle ne détiennent le droit définit sûr et transférable à l’entreprise.

I-1-2. Le concept de l’inefficience- X
Ce concept a été développé par LEIBENSTEIN (1978). Il met aussi en évidence le lien entre l’inefficience-X et l’entreprise publique, et ramène les sources de l’inefficacité au fonctionnement interne de la firme. Il évoque certains facteurs sources d’inefficience dans une entreprise.

Le premier facteur est l’environnement fortement abrité dans lequel se réalise la production intérieure. Selon lui, l’entreprise publique est souvent en situation de monopole, ce qui favorise une ‘‘vie tranquille’’; son comportement n’est pas aiguillonné par une politique du commerce extérieur incitative qui aurait pour effet d’instaurer une structure de marché contestable.
L’autre facteur non négligeable est l’immortalité des entreprises publiques, surtout lorsque la politique monétaire et financière est suffisamment expansive pour limiter la probabilité de faillite.

Il évoque enfin l’incidence de la multiplicité des objectifs économiques et sociaux que les dirigeants politiques sont portés à confier aux entreprises publiques.

I-2. Avantages et inconvénients de la privatisation sur le plan microéconomique
Au plan sectoriel, on aura comme avantages l’augmentation de l’investissement ; l’apport de l’innovation et du savoir-faire; l’amélioration de la gestion et un meilleur rapport qualité/prix. En plus de la disparition progressive du monopole public, on ajoutera l’élimination des déficits financiers; une meilleure imputabilité des dirigeants; la réduction de l’interférence politique et corruption; ainsi que la définition d’un bon cadre réglementaire.

Les inconvénients de la privatisation sont surtout liés aux asymétries d’information lors de la mise en place du processus. On peut ainsi distinguer :
- Le risque de sous investissement en entretien et en maintenance. Cette situation est observée lorsque l’Etat qui réglemente ne laisse pas de surplus à l’opérateur ex-post. Ce comportement de l’Etat n’incite pas l’opérateur à investir ex-ante. SCHMIDT (1991), qualifie ce découragement à investir de ‘‘coût de la propriété publique’’.
- Le risque de sous évaluation de l’entreprise, qui est observé lorsque l’Etat cède l’entreprise pour un montant qui ne reflète pas sa vraie valeur.
On peut ajouter à ces deux éléments le remplacement du monopole public par le monopole privé qui traduit la préférence pour l’efficacité productive que pour l’efficacité allocative.

I-3. Les limites de l’analyse microéconomique
Cette analyse présente tout de même certaines limites bien que les études mettent en évidence une efficacité productive relativement meilleure du côté des entreprises privées.

Dans un premier temps, si l’on admet que la performance des entreprises peut être évaluée par leur efficience technique, alors, il faudra constater que dans les pays en développement et pour une activité donnée, il est rare qu’on soit en situation de pouvoir comparer des entreprises publiques et privées. Le tissu industriel est encore en formation de sorte que sur son marché, une entreprise est généralement en situation de monopole. Les comparaisons sont donc effectuées sur des données internationales, ce qui pose inévitablement le problème de l’hétérogénéité des environnements.

En second lieu, le critère d’efficacité productive est mis en avant bien que l’entreprise publique poursuive des objectifs de redistribution du revenu ou de stabilisation macroéconomique. L’efficacité productive peut se révéler faible en raison des sureffectifs maintenus à des fins sociales.

A ce stade de réflexion, l’éclairage centré sur la performance microéconomique de l’entreprise publique paraît restrictif, d’où la nécessité d’élargir le champ d’analyse.

II. Eléments d’analyse macroéconomique
Ce paragraphe consistera à présenter les avantages et les inconvénients de la privatisation, ainsi que les limites de cette approche.

I-1. Avantages et inconvénients de la privatisation sur le plan macroéconomique
Au plan macroéconomique, les avantages sont notamment la réduction du déficit des finances publiques et des transferts aux entreprises publiques ; l’augmentation de l’investissement total étranger et de la productivité de l’économie. On notera aussi la création d’emplois productifs, l’équilibre de la balance commerciale et courante, ainsi que l’accélération de la croissance économique.

Le principal inconvénient ici est l’augmentation de la dépendance étrangère suite à l’apport de capitaux extérieurs qui constituent généralement une dette pour les pays en développement.

I-2. Les limites de l’analyse macroéconomique.
Deux principales limites peuvent être soulevées ici :
La première est qu’il existe une corrélation statistique entre la gestion d’un secteur parapublic et la contre performance macroéconomique. Sur un large échantillon d’économies à revenus intermédiaires, PLANE (1992 a et b) montre que dans les années quatre-vingt, la croissance du PIB a le plus décéléré dans les pays où le secteur parapublic s’est le plus étoffé au cours des années soixante-dix.

La seconde limite est que dans la plupart des pays en développement, les politiques de privatisation ont constitué une nécessité budgétaire avant de constituer une sanction pour l’inefficacité économique. Entre 1990 et 1992, les 1600 entreprises algériennes ont absorbé 70% des recettes budgétaires de l’année 1991 ; au Cameroun, la Banque Mondiale évaluait en 1989, à 700 milliards de francs CFA courants, le coût de restructuration du secteur parapublic, soit davantage qu’une année normale de recettes budgétaires.

dimanche 9 novembre 2008

Réaction à un article paru dans "Finance et Développement"

L’article intitulé « Afrique : les ingrédients manquants » de Bio Tchané et Etienne Yehoué (Décembre 2007), présente l’importance de la gouvernance dans la pérennisation du développement en Afrique Subsaharienne à travers une meilleure orientation de l’aide.

Les auteurs ne mentionnent pas l’orientation que les gouvernants donnent à l’aide : certains l’utilisent à des fins personnelles et d’autres ne l’orientent pas vers des secteurs prioritaires et à forte valeur ajoutée.

Ils évoquent aussi le développement du secteur privé qui est crucial pour créer des emplois et des opportunités financières. Mais ce développement ne peut être effectif si les gouvernants ne réduisent pas les impôts et ne favorisent pas l’accès à l’énergie.

Le développement de l’accès à l’énergie est un ingrédient qui va créer un climat favorable à l’environnement des affaires, une croissance durable et la réalisation des OMD. Si le rôle de l’énergie n’est pas mentionné directement dans les OMD, on ne peut se permettre de les atteindre sans un accès équitable à l’énergie, surtout dans les zones rurales où la pauvreté est très accentuée.

Il est important pour les donateurs de repenser l’aide, et les gouvernants des pays bénéficiaires, de définir clairement les priorités et d’orienter les fonds vers des secteurs tels que l’énergie, ce qui permettra à coup sûr de ‘‘Rendre l’aide efficace’’ (F&D, Septembre 2005).

vendredi 7 novembre 2008

La vision nationale de l'accès à l'énergie

Cette vision politique nationale consiste à placer l’accès aux services énergétiques à la base du développement économique et social du Cameroun. Elle se décline en six axes stratégiques principaux :
- Renforcement des capacités des acteurs publics et privés dans la planification, la gestion, l’exploitation et l’entretien de systèmes énergétiques. Un accent particulier étant accordé aux collectivités locales en prévision de la décentralisation ;
- Un meilleur accès des populations pauvres des zones rurales et périurbaines aux énergies modernes de cuisson (foyers améliorés et gaz domestique) ;
- Une amélioration de la quantité et de la qualité d’approvisionnement des établissements sociaux et communautaires (établissements scolaires, centres de santé, systèmes d’adduction d’eau potable, centres de promotion de la femme, centres des handicapés, centres sociaux, structures de développement rural et d’encadrement des populations à la base, etc.) ;
- Une amélioration du cadre de vie des populations et de leur bien être social ;
- Un meilleur accès aux usages productifs des services énergétiques pour accroître la productivité des populations pauvres des zones rurales et périurbaines (force motrice, commerces, conserveries, pêche, réduction des pertes après capture ou récoltes, etc.) ;
- La promotion de la production locale d’équipements et matériels d’alimentation des services énergétiques et des économies d’énergie y compris.
Ces axes stratégiques se déclinent en plusieurs objectifs spécifiques ou cibles à atteindre au cours des dix prochaines années ; il s’agit de diminuer considérablement l’usage du bois de feu au profit des foyers améliorés et du gaz domestique ; augmenter substantiellement le niveau de desserte des établissements sociaux et communautaires (éducation, santé, eau, assistance sociale...) ; réhabiliter, étendre et densifier le réseau d’éclairage public dans les dix chefs lieux de province à équipement en systèmes d’éclairage public dans les centres secondaires et les villages à fort potentiel.
Ensuite, d’identifier et mettre en valeur plusieurs sites de mini et micro centrales hydroélectriques pour l’approvisionnement en électricité des régions rurales isolées ; intensifier la desserte en électricité au sein du territoire concédé ; réduire la facture énergétique des ménages et des institutions.

Enfin, de développer et consolider les PME/PMI du secteur de l’énergie ; renforcer les capacités des acteurs publics et privés des collectivités locales et de la société civile en matière de planification, équipement, exploitation, gestion et entretien de systèmes d’approvisionnement en systèmes énergétiques ; promouvoir un environnement institutionnel harmonisé (DSRP, suivi OMD) intégrant l’accès aux services énergétiques modernes comme base de développement économique et social; et réaliser des microprojets pilotes énergie et pauvreté.
Source: Plan d'Action National Enérgie pour la Réduction de la pauvreté (PANERP)