La particularité du courant libéral est d’avoir introduit le concept de valeur d’un bien, qui doit être rattachée au travail (théorie objective de la valeur) selon SMITH (1776). Il fait la distinction entre la valeur d’usage (utilité ressentie par les individus) et la valeur d’échange. Cette idée est reprise par RICARDO (1817), pour qui la valeur d’un bien ne dépend pas seulement de la quantité de travail commandé, mais aussi de sa rareté, surtout pour les biens non reproductibles. Les sources d’énergie telles que l’électricité, le gaz domestique et le pétrole lampant peuvent être considérées comme des biens ayant de la valeur pour les ménages ruraux, de part leur rareté et leur non reproductibilité, contrairement au bois de feu et autres biomasse.
SAY (1803), apporte une vision plus large de la richesse (introduction des services) et considère que la valeur d’usage (capacité d’un bien à satisfaire des besoins) des biens est leur valeur réelle; la valeur d’échange ne représente que les prix. Selon lui, le prix n’est pas fonction du coût de production, mais varie selon ce que l’acheteur paie et/ou est prêt à acheter ; le prix va donc tendre à s’ajuster à la valeur d’usage dans un système libéral. Ainsi l’utilisation de l’électricité, du gaz domestique ou du pétrole lampant ne devra pas dépendre de leurs prix respectifs, mais plutôt de leur capacité à satisfaire les besoins des ménages (éclairage, cuisson, instruction, accroissement des revenus,…). Cette vision a conduit les néoclassiques à rejeter la théorie objective de la valeur, pour une approche subjective liée au comportement du consommateur. Ils introduisent le besoin (rôle du demandeur) et combinent à la valeur la rareté et l’utilité.
L’analyse de WALRAS (1874), consistait à une approche micro-économique et se plaçait au niveau des consommateurs, en parlant de valeur-utilité, car pour eux seule comptait leur satisfaction, le prix du bien dépendant de son degré d’utilité : si un bien (ou un service) est rare mais jugé très utile par les consommateurs, ceux-ci seront prêts à l’acquérir pour un prix élevé (électricité, gaz domestique et pétrole lampant, pour les ménages ruraux), mais ce degré d’utilité décroît au fur et à mesure que le degré de satisfaction du consommateur augmente. Parallèlement, le prix qu’un consommateur est prêt à payer baisse au fur et à mesure que son besoin est satisfait, ce qui signifie que plus un bien est produit en grandes quantités, ou quand un service est accessible au plus grand nombre, l’individu y attache de moins en moins d’importance, et il est de moins en moins prêt à payer le prix fort. Ce constat est observé en milieu rural, où les ménages sont de moins en moins prêts à payer un prix élevé pour le bois de feu, et en milieu urbain où ils sont de moins en moins prêts à payer un prix élevé pour l’électricité, le gaz domestique ou le pétrole lampant.
Pour MARSHALL (1890), le prix d’un bien dépend du coût des facteurs de production et de la valeur que le consommateur est prêt à lui accorder. Il a introduit la notion de temps dans l’analyse des mécanismes économiques : sur le court terme, l’utilité l’emporte dans le phénomène de fixation du prix, par la recherche de l’équilibre entre l’offre et la demande, lequel s’établit à un prix qui exprime la valeur-utilité. Sur le long terme, les coûts de production deviennent déterminants, car l’entreprise est obligée d’en tenir compte, et un prix d’équilibre qui se situe entre ce que le marché est prêt à payer au maximum et le prix auquel l’entreprise doit vendre son produit au minimum, va correspondre au prix naturel tel qu’il a été défini par les économistes classiques en se fondant sur la valeur-travail. Selon cette approche, le prix d’une source d’énergie (bois de feu, électricité, gaz domestique ou pétrole lampant), ne dépendra pas seulement du coût des facteurs de production, mais aussi de la valeur que chaque ménage accorde à chacune de ces sources.
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